Héritage politique et carrière socialiste

Petit-fils de Karl Marx, neveu de Paul Lafargue, filleul de Friedrich Engels, Jean Longuet est le fils de Charles Longuet, personnalité importante de la Commune de Paris et socialiste proche de Georges Clemenceau. Il côtoie très jeune la gauche socialiste française et internationale et adhère d’abord au Parti Ouvrier Français de Jules Guesde, avant de se rapprocher de Jean Jaurès et du Parti Socialiste. Il participe largement avec Jaurès à la création de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) qui unifie notamment les partis de Jaurès et de Guesde lors du Congrès de Paris en 1905. Il est alors élu à la Commission administrative permanente du parti, mandat qu’il occupera jusqu’à son décès en 1938. Partageant les convictions pacifistes de Jean Jaurès, il est présent lors de son assassinat le 31 juillet 1914. Si sa motion l’emporte à la fin de la guerre, il ne peut éviter la scission du parti socialiste au Congrès de Tours en 1920. Par la suite, proche de Léon Blum, il fait partie des partisans de la reconstruction de l’Internationale et du Parti socialiste d’avant-guerre.

Au cours de sa longue carrière dans les instances dirigeantes de la SFIO, il est notamment responsable des relations internationales, de la presse et de la propagande, et exerce plusieurs mandats électoraux locaux et nationaux.

  • The sixteenth Convention of the Socialist Party of America. April 13 to 17, 1928. [New York] : William M. Feigenbaum editor, 1928

 

  • Floréal, n°2, 8 janvier 1921. Apparaissent, en haut de l'image, de gauche à droite, Marcel Cachin, Léon Blum, Marcel Sembat et Jean Longuet

  • Dédicace de l’auteur dans : Charles Rappoport. La Révolution mondiale. Paris : Editions de la revue communiste, 1928. 

    Charles Rappoport, membre de la SFIO puis, après 1920,  du Parti Communiste Français qu’il quitte en 1938. Dédicace : “Au petit-fils de Karl Marx Jean Longuet. Ch. Rappoport”

  • Jean Longuet. “Après l’attentat”. Le populaire. 21 février 1919
    Le 19 février 1919, un attentat est perpétré par l’anarchiste Emile Cottin contre Georges Clemenceau (1841-1929), président du Conseil de 1906 à 1909, puis de 1917 à 1920. Le père de J. Longuet, Charles Longuet, travailla aux côté de G. Clemenceau, notamment en tant que rédacteur en chef de son journal La Justice. Proche de la famille Longuet, G. Clemenceau présida notamment un conseil de famille à la suite du décès de la mère de J. Longuet en 1891.
  • Le procès de l’assassin de Jaurès 24-29 mars 1919. Paris : Editions de l'Humanité, 1920
    Présent lors de l’assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet 1914, Jean Longuet est amené à témoigner lors du procès de Raoul Villain, son assassin, devant la Cour d’assise de la Seine en 1919. Ce dernier est acquitté : « Si l’adversaire de la guerre, Jaurès, s’était imposé, la France n’aurait pas pu gagner la guerre. » selon un des jurés.

  • Jean Longuet. “Le congrès de Lyon et ses résultats”. La nouvelle revue socialiste, deuxième année, n° 17, 15 mai au 15 juin 1927, p. 398-406
  • L'Assiette au beurre, n° 319, 11 mai 1907

  • Jean Longuet . “Les enseignements du Congrès national”. La Nouvelle Revue Socialiste, quatrième  année, n° 29, 15 février au 15 mars 1930, p. 65-82
    Article publié à l’occasion du Congrès national extraordinaire de Paris de la SFIO tenu les 25 et 26 janvier 1930 concernant la participation de la SFIO au gouvernement.
  • Bils. [Caricature de ] Jean Longuet. La Nouvelle Revue Socialiste, quatrième  année, n° 29, 15 février au 15 mars 1930, p. 79
    Claude Bils (1883-1968), peintre, dessinateur et caricaturiste français, couvre le Congrès national extraordinaire de Paris de 1930.

  • Jean Longuet . “Pour les noces d’argent du Parti S.F.I.O : la formation de l’unité socialiste”. La Nouvelle Revue Socialiste, quatrième  année, n° 30, 15 mars au 15 avril 1930, p. 193-216
    Article publié à l’occasion du 25e anniversaire de la création du Parti socialiste unifié au Congrès de Paris des 23-25 avril 1905 et qui revient sur l’histoire de cet événement.

  • Une conférence Jean Longuet à Hyères. Date et origine inconnues.
    Jean Longuet, en charge de la propagande au sein du Parti socialiste, est amené régulièrement à animer des conférences en province sur les grandes questions socialistes.

Mandats électoraux

Parmi ses mandats électoraux, Jean Longuet est député de la Seine de 1914 à 1919 et de 1932 à 1936, et conseiller général du Canton de Sceaux de 1929 à 1938. Maire de Châtenay-Malabry (situé dans l’actuel département des Hauts-de-Seine) de 1925 à 1938, il y modernise les équipements municipaux (voirie, accès à l’eau et au gaz, enlèvement des ordures ménagères, amélioration des transports publics), participe au développement des logements sociaux de la cité-jardin de la Butte-rouge, promeut l’enseignement, notamment par la création d’écoles, et équipe la ville d’une piscine intercommunale et d’un stade. 

  • Le Cartel des Gauches : organe des intérêts de la banlieue. Numéro 2. Samedi 3 mai 1924
    Elections législatives de 1924
  • Jean Prévost. La vie de Montaigne. Paris : Gallimard, 1926
    Jean Prévost (1901-1944), écrivain et journaliste. Dédicace : “A Jean Longuet. Hommage de Jean Prévost (5e Section Seine)”
  • Albert Thomas. Le socialisme et les municipalités. [S.l.] : siège social de la Fédération de la Seine, sans date
    Albert Thomas (1878-1932), député de la Seine de 1910 à 1919. 

  • L'Assiette au beurre 

Engagement pacifiste

Jean Longuet représente, durant la Première Guerre mondiale, le courant pacifiste - tout en demeurant patriote et votant les crédits de guerre - de la SFIO. D’abord minoritaire, cette tendance devient majoritaire au fur et à mesure que la guerre se prolonge, au point que ses partisans s’imposent à la tête du parti à la fin de la guerre. Le 19 septembre 1919, il se fait porte-parole de la SFIO à la Chambre des députés en s’opposant à la ratification du Traité de Versailles. Dans cet important discours, il dénonce ces conditions de paix qui, selon lui, préparent une guerre future, mais marque également son soutien à la Russie soviétique, ainsi qu’aux peuples colonisés. 

  • Le mouvement pacifique et le rapprochement franco-anglais. La Flèche : impr. de Charier-Beulay, 1903
    Brochure éditée par l’entourage de Paul Henri Benjamin Balluet d'Estournelles de Constant, diplomate et homme politique français, lauréat du prix Nobel de la paix en 1909.
  • J. T. Walton Newbold. How Europe armed for war (1871-1914). London : Blackfriars Press Limited, 1914.
    Walton Newbold (1888-19143), membre du Parti communiste de Grande-Bretagne.

  • Aneurin Williams, M.P. Proposals for a League of Peace and Mutual Protection among Nations. Letchworth : Garden City Press, 1914
    Aneurin Williams (1859-1924), homme politique membre du Liberal Party britannique.

  • The League of Nations Society. The league of Nation society : explanations of the objects of the society. Letchworth : Garden city press, 1916
    Contient une Lettre signée E. L. Claremont, provisional honorary secretary, sollicitant les commentaires des lecteurs et insistant sur la confidentialité du document présenté.

  • Francis Herbert Stead. To abolish war : at the third Hague Conference, an appeal to the peoples, 1916. Letchworth : Garden city press, 1916
    [F. H. Stead (1857-1928), homme politique britannique.] Dédicace : “To M. Jean Longuet with the authors compliments”

  • Karl Liebknecht. Militarism and anti-militarism. Glasgow : The socialist labour press, 1917?
    Karl Liebknecht, homme politique allemand, cofondateur avec Rosa Luxemburg du Parti communiste d'Allemagne (KPD) le 1er janvier 1919. IIs meurent tous deux assassinés la même année.

  • Cyril-Berger. Pendant qu’il se bat : roman. Préface d’Henri Barbusse. Paris : Flammarion, 1918.
    Pseudonyme commun de Victor-Cyril Berger (18.. - 1925?), romancier et journaliste à] "Clarté" (1919), et d’Eugène Berger.] Dédicace : “A Jean Longuet avec l’assurance de ma haute estime pour sa magnifique attitude au cours de cette guerre. Cyril-Berger”

  • Lucien Le Foyer. La défense des persécutés. Paris : Société mutuelle d’édition, 1920.
    [Lucien Le Foyer (1872-1952), avocat et homme politique radical-socialiste, ardent défenseur de la paix.] Dédicace : “A Jean Longuet pacifiste courageux dans la guerre, socialiste réfléchi dans la paix, en hommage de haute estime. Ce livre pour la justice et la vérité”. Lucien Le Foyer

  • Karl Kautsky. Documents allemands relatifs à l’origine de la guerre. Tome IV : De la déclaration de guerre à la France à la déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Russie. Paris : Alfred Costes, 1922

  • Caricature parue dans La Nouvelle Revue Socialiste du 15 mars 1926. Auteur inconnu
    "A la société des Nations... Le nouvel ange de la Paix"

  • Fernand Corcos. Les femmes en guerre. Paris : Ed. Paris Montaigne, 1927.
    [Fernand Corcos (1875-1959). Avocat à la Cour d'appel de Paris. Homme politique. Membre du comité central de la Ligue des droits de l'homme]
    Dédicace : “A Jean Longuet pacifiste - “pour de vrai” il l’a montré - on le lui a bien fait voir ! Fernand Corcos”.

  • Robert Tourly. Le conflit de demain : Berlin - Varsovie - Dantzig. Paris : André Delpeuch, 1928
    [Robert Tourly (1888-1966), membre de la SFIO, puis du PCF dont il est exclu en 1923. Journaliste et pacifiste militant.]
    Dédicace : “A Jean Longuet, avec l’expression de ma vive amitié et mon admiration au militant de la paix et du socialisme. R. Tourly”

  • Paul Faure. Si tu veux la paix. Limoges : Imprimerie nouvelle, 1935.
    [Paul Faure (1878-1960), secrétaire générale de la SFIO de 1920 à 1938. Rédacteur en chef du Populaire.]
    Dédicace : “A Jean Longuet avec l’expression de ma vieille et fidèle amitié. Paul Faure”

  • L'Assiette au beurre, n°325, 22 juin 1907

  • Jean Longuet. “C’est bien à gauche que l’Unité est maintenue”. Le Populaire, 17 septembre 1919
    Article de Jean Longuet préparatoire à son discours le 18 septembre 1919 devant la Chambre des députés exprimant son opposition, au nom du Parti Socialiste, à la ratification du Traité de Versailles.

  • Paul Faure. “Le socialisme et le traité de paix”. Le Populaire, 20 septembre 1919
    Commentaire de Paul Faure et compte-rendu du débat à la Chambre des députés intitulé “Le Traité de Paix devant la chambre : le vigoureux discours de Jean Longuet” suite au discours de Jean Longuet d’opposition à la ratification du Traité de Versailles le 18 septembre 1919.

Combat anti-fasciste

Dénonçant très tôt la montée des fascismes en Europe, Jean Longuet, de pacifiste devient partisan d’une politique de fermeté vis-à-vis de l’Italie fasciste ou de l’Allemagne nazie. Il s’oppose par exemple à la participation de la France aux Jeux Olympiques de Berlin de 1936. Il milite également pour une aide active à l’Espagne républicaine. Au Congrès de Marseille en 1937, il déclare : « Je comprends le sentiment ardemment pacifiste de nos masses (…) mais la question est de savoir si nous maintiendrons la paix en permettant au fascisme international, au fascisme italien, au fascisme allemand, de conquérir sans cesse des positions fortes qui risquent de nous acculer demain à la guerre, que nous aurions pu éviter alors qu’ils eussent dû céder. »

Avec d’autres avocats, il s’engage aussi pour le soutien à tous les réfugiés politiques. Léon Blum en fait ainsi le représentant de la France à la conférence de Genève qui met en place un statut particulier pour les réfugiés en provenance d’Allemagne. Il défend également le Fonds Matteoti (1926-1936) qui vient en aide aux victimes du fascisme.

Militant internationaliste

Lié au socialisme international dès sa jeunesse, parlant l’anglais, l’allemand et l’italien, Jean Longuet défend des positions internationalistes, c’est-à-dire qu’il est convaincu des intérêts sociaux et politiques communs des peuples par delà les frontières. Responsable de la politique internationale au sein de la SFIO, il est membre du Bureau international socialiste depuis 1905, et, après la création en 1923 de l’Internationale Socialiste Ouvrière, il participe à son comité exécutif. Du fait de ses fonctions politiques, mais également dans le cadre de ses activités de journaliste et d’avocat, il entretient des relations avec des responsables politiques sociaux-démocrates dont Karl Kautsky, en Allemagne, des travaillistes anglais, des socialistes russes ou américains… Il s’intéresse aux revendications nationalistes dans le monde, en Inde, en Chine, au Maroc ou en Syrie.