Le projet

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mars 2017

Tout comme d’autres établissements d’enseignement supérieur, Sciences Po a joué un rôle notable dans l’histoire coloniale de la France et de l’Europe. 

Dévoiler une histoire méconnue

Afin d’assurer une formation pour les futurs dirigeants de l’Empire colonial français, Emile Boutmy, fondateur de l’École libre des sciences politiques, crée ainsi une section coloniale en 1886, quinze ans après la fondation de l'École. Même si cette section est fermée trois ans plus tard en raison de la concurrence de l’École coloniale nouvellement créée, les questions coloniales ne disparaissent pas de l’enseignement de l'École, tout au contraire. Grâce à ses professeurs, l’établissement devient même un des hauts lieux d’un certain colonialisme « libéral », proche des milieux économiques, influençant fortement le « parti colonial » de la Troisième République.

L’exposition présentée dans les locaux de la bibliothèque de Sciences Po en mars 2017 et ce dossier ont été conçus par les étudiants du Master d’Histoire du Centre d’Histoire de Sciences Po, sous la direction des professeurs Pap Ndiaye et Jakob Vogel, avec la collaboration de la Bibliothèque. 

Ils présentent une dimension méconnue de l’histoire de l’établissement, à partir de documents issus des fonds d’archives et des collections de Sciences Po. Dressant un panorama des différentes étapes de l’histoire coloniale de l’institution, ils couvrent une période allant jusqu’aux décolonisations des années 1950 et 1960.

Le projet pédagogique

L’exposition et le présent dossier soulignent à quel point l'École libre des sciences politiques a participé dès sa fondation à l’œuvre coloniale de la France, mais aussi comment, à partir de la Seconde Guerre mondiale, se fit sentir en son sein une nouvelle dynamique critique de la colonisation, amorçant les changements à venir. Si l’idée d’une « mission civilisatrice de la France » et même d’un certain racisme furent bien présents, plusieurs décennies durant, dans l’enseignement de l’Ecole libre, celle-ci fut aussi un des lieux de formation des élites post-coloniales des nouveaux Etats indépendants.

De septembre à décembre 2016, les étudiants, aidés de leurs professeurs et des bibliothécaires, ont collecté divers documents issus des fonds d’archives et des collections de Sciences Po et réfléchi à leur mise en scène dans les vitrines et sur les murs de la bibliothèque. Faire sens dans un espace contraint, simplifier le propos, choisir un document plutôt qu’un autre : autant d’enjeux auxquels ont dû se confronter les étudiants. Les bibliothécaires se sont ensuite appuyées sur l’exposition pour approfondir dans ce dossier certaines problématiques.

Les participants

Dossier réalisé par : 

Muriel Dennefeld (Bibliothèque), Sylvaine Detchemendy (Bibliothèque), Morgane Leral  (Bibliothèque), Pap Ndiaye (CHSP), Myriam Tazi (Bibliothèque) et Jakob Vogel (CHSP), avec l'aide de Dominique Parcollet et Jordy Desvouas du Service des archives contemporaines du Centre d'histoire de Sciences Po, ainsi que de la Mission archive et du Service Numérisation de la bibliothèque.

à partir des travaux et recherches des étudiants du Master d’Histoire :

Aymeric Agon, Youri Benhdech, Daniel Bordier, Camille Braesco, Anne Breteau, Elodie Charie, Chloé d'Arcy, Elise Dartois, Léa Delmaire, Justine Fourgeaud, Léo Fresnais, Manon Khalfi, François Lambert, Léandre Mandard, Pierre-Louis Poyau, Killian Rauline-Mougeot, Claire Rioult, Abel Solans et Sébastien Thobie. 

Voir aussi
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Visuel de présentation du dossier "Sciences Po, une histoire coloniale"
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Détails exposition "Sciences Po, une histoire coloniale"
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