André Siegfried, figure de référence de la science politique mais également géographe, sociologue et journaliste, est une personnalité majeure de l’histoire de Sciences Po (Scot, Marie. « André Siegfried ». Sciences Po Stories - L’histoire de Sciences Po : la frise, les récits, les portraits et la carte.
Partisan de la « méthode inductive [...] aller voir sur place, c'est-à-dire voyager ... questionner beaucoup de gens divers » (Goguel, François. « En mémoire d'André Siegfried ». In : Revue française de science politique, n°2, 1959, pp. 333-339.), il entame, en 1900, un vaste tour du monde, et se rend notamment au Mexique, aux Indes, aux Etats-Unis, en Chine, au Japon et en Australie, voyages qui seront à l’origine de nombreuses publications de livres d’observations sur les coutumes et populations locales, dans une perspective sociologique et historienne.
Fin connaisseur des colonies britanniques et des débats autour de la transformation de l’Empire dans le Commonwealth, il enseigne à l’École libre des sciences politiques de 1900 à 1955. A partir de ses expériences en tant que diplomate, il y donne, entre autres, des cours consacrés à la "Géographie économique" ou aux “Échanges internationaux” dans lequel il analyse la révolte des “races de couleur” ou la perte d’hégémonie des “races blanches”(Siegfried, André. Les échanges internationaux. Paris: Centre de documentation universitaire, 1944).
Ancien président du Conseil d’administration de l’ELSP, il est le premier président de la Fondation nationale des sciences politiques créée en 1945. Il obtient, par ailleurs, en 1933, une chaire de géographie au Collège de France et est à la tête de l’Association française de sciences politique à partir de 1949.
Comme le résume Marie Scot dans le portrait qu’elle consacre à André Siegfried sur la frise de Sciences Po stories : “Voyageur et conférencier infatigable, André Siegfried s'inscrit par ses cours, ses essais et ses articles dans la lignée des travaux de Taine et de Boutmy, de la psychologie des peuples et de la pensée raciale fin de siècle.” Personnalité controversée en raison de ses prises de position favorables à la colonisation et de sa vision racialisée du monde, il reste “un passeur entre le vieux monde et le nouveau monde”.