Disponible sur : <https://www.wdl.org/fr/item/2392/> (Consulté le 22-08-2017).
Disponible sur : <https://www.wdl.org/fr/item/2392/> (Consulté le 22-08-2017).
Joseph Chailley-Bert (1854-1928), administrateur colonial, est un fervent partisan de la politique d’expansion coloniale de la France de la Troisième République. Il est professeur à l’Ecole libre des sciences politiques de 1896 à 1927 où il développe l’enseignement de la colonisation comparée.
Docteur en droit (1882), député (1906-1914) dans la circonscription des Sables d’Olonnes dont il est maire de 1912 à 1919, Joseph Chailley est aussi un éminent professeur à l’Ecole libre des sciences politiques (1896-1927). Il y donne des cours intitulés La colonisation comparée ou Le Maroc : étude générale et colonisation comparée.
Il prend le patronyme de Chailley-Bert en 1891 en lien avec son beau-père Paul Bert, dont il a été le chef de cabinet à la Résidence générale du Tonkin et de l’Annam (1885-1886).
Enthousiaste à l’égard de l’entreprise coloniale de la Troisième République, administrateur de la Société du Haut-Congo depuis 1892, il est l’un des membres fondateurs de L’institut colonial international à Bruxelles créé en 1893, dont il est élu vice-président en 1903.
Il publie plusieurs ouvrages dont notamment Les Compagnies de colonisation sous l’Ancien régime en 1898. Chailley apporte une caution intellectuelle forte à la colonisation et développe vis-à-vis d’elle une analyse libérale qui fera date à L’Ecole libre des sciences politiques, notamment au travers de ses cours de colonisation comparée.
Citations :
« [I]l faut respecter et maintenir les coutumes et les institutions des indigènes et limiter l'introduction des idées européennes aux seules parties qui peuvent servir les progrès du commerce et de la civilisation. » (Dix années de politique coloniale. Paris : Armand Colin, 1902, p. 56)
Sur l’égalité des droits : « Nos vieilles colonies, au contraire, Guadeloupe, Martinique, Réunion, Sénégal, même l’Inde où les noirs ne sont pas des nègres marchèrent délibérément vers la fusion des races et en vinrent à conférer le droit d’électeur à des hommes de couleur que rien ne recommandait spécialement à cette faveur. » (Dix années de politique coloniale. Paris : Armand Colin, 1902, p. 55)
Anglomanie et politique indigène régionalisée : « Nos diverses colonies formeraient un bloc susceptible d’être soumis à une même règle et réservé à une même destinée [...] Pareille théorie est bien conforme à notre goût d’unité et d’uniformité. Tandis que les Anglais aiment faire des lois ne s’appliquant qu’à une région. » (Dix années de politique coloniale. Paris : Armand Colin, 1902, p. 2)
Sur les compagnies de colonisation : « Les compagnies de colonisation de l’ancienne monarchie n’ont eu que l’apparence de la liberté, de l’initiative, j’allais dire de l’existence, et que, comme telles, elles ne prouvent rien en faveur des compagnies de demain qui devraient être libres, vivantes, agissantes. » (Les Compagnies de colonisation sous l’Ancien Régime. Paris : Armand Colin, 1902, p. 188)
« La France, jadis grande puissance coloniale, très riche en colonies et en méthodes de colonisation, a laissé, sous Louis XV, la Révolution et le Premier Empire, s’émietter son domaine et s’évaporer son expérience, et s’est trouvée, en 1815, réduite à très peu de très petites colonies, administrées à la diable et sans souci des méthodes convenables. [...] depuis 1870, une politique coloniale voulue et suivie, lui ont bien refait un autre domaine presque aussi beau que l’ancien. » (Dix années de politique coloniale. Paris : Armand Colin,1902, introduction)
« Presque toutes les colonies débutent par le commerce : la colonisation ne vient que plus tard. » (Dix années de politique coloniale. Paris : Armand Colin, 1902, p. 96)
« Il ne fait aucun doute pour quiconque a étudié l’histoire des colonies des diverses nations que les colonies ont besoin de beaucoup de liberté et de produits à bon marché : c’est la condition pour elles des grands succès et, j’ajoute, des grandes affaires avec la métropole. » (Dix années de politique coloniale. Paris : Armand Colin, 1902, pp. 99-100)
« Le colon contemporain a besoin de capitaux, quoi qu’il veuille entreprendre, agriculture, industrie ou commerce. Son rôle n’est pas tant de travailler de ses mains - la nature le lui défend, comme son intérêt - que de diriger le travail des indigènes et de conclure avec eux une association, avantageuses aux deux parties, l’une fournissant son travail, l’autre apportant ses talents et aussi un capital dont la colonie et ses habitants sentent le besoin et savent la valeur. » (Dix années de politique coloniale. Paris : Armand Colin, 1902, p. 117)
« Un effet social de la politique coloniale, et l’un des plus respectables et des plus utiles, c’est que cette politique est calculée pour augmenter en nous, pour raviver, pour surexciter, et en effet, surexcite l’amour de la patrie. » (Le rôle social de la colonisation. Paris : Comité de défense et de progrès social, 1897, p. 26)
Références bibliographiques