Notice détaillée : <http://catalogue.sciencespo.fr/ark:/46513/sc0000875299>
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Paul Leroy-Beaulieu (1843-1916), économiste, entre autres titulaire de la chaire de science financière à l’Ecole libre des sciences politiques de 1879 à 1881, est une des grands figures de la pensée coloniale en France. Sa vision libérale de la colonisation influence l’organisation et le contenu des enseignements coloniaux de l’ELSP.
Paul Leroy-Beaulieu est un économiste français qui donne des cours consacrés aux sciences financières à l’Ecole libre des sciences politiques. Au sein de la section administrative, il prend ainsi en charge en 1879-1880 le premier trimestre des cours intitulés “Organisation et administration financière en France et dans les pays étrangers. Traités de commerce”. Il donne également des cours sur les “systèmes coloniaux” et est membre du Conseil de perfectionnement de l’Ecole. En parallèle, il assure des cours au Collège de France sur l’Etat moderne, sur de grands économistes comme Proudhon ou Ricardo et sur les systèmes coloniaux. Il est également directeur de la revue L’économiste français.
Fervent libéral, il publie en 1874 De la colonisation chez les peuples modernes et contribue ainsi grandement, tout comme Joseph Chailley-Bert, autre professeur de l’ELSP, à l'élaboration d'un discours colonial libéral d'un point de vue économique.
Citations :
« Si l’abondance de bonne terres et la facilité de leur appropriation sont un des principaux attraits des colonies nouvelles, l’indépendance et la liberté laissées aux colons, spécialement dans les actes quotidiens de la vie pratique et dans les relations civiles ou commerciales, sont aussi une des conditions indispensables au peuplement et à la prospérité des établissements et de venir et de se fixer dans les lieux de son choix ; on peut dire que cette liberté naturelle et primordiale doit être absolue et sans autre réserve que le réserve que le respect des droits d’autrui. » (De la colonisation chez les peuples modernes, 1874, p. 333)
« L’Algérie sort à peine aujourd’hui des longues difficultés de la période d’enfance. Elle est venue lentement à un commencement de prospérité. [...] L’Afrique du Nord-Ouest ne nous appartiendra définitivement que si nous nous concilions les Arabes et si, dans une certaine mesure, nous les francisons. » (L’Algérie et la Tunisie, 1887, avant-propos)
« La colonisation est la force expansive d’un peuple, c’est sa puissance de reproduction, c’est sa dilution et sa multiplication à travers les espaces. C’est la soumission de l’univers ou d’une vaste partie à sa langue, à ses mœurs, à ses idées et à ses lois. Un peuple qui colonise, c’est un peuple qui jette les assises de sa grandeur dans l’avenir et de sa suprématie future. (…) Le peuple qui colonise est le premier peuple : s’il ne l’est pas aujourd’hui, il le sera demain » (De la colonisation chez les peuples modernes, 1874, p. 605-606)
« Il y a deux catégories principales de colonies, lesquelles se distinguent par des caractères très tranchés : les colonies d’exploitation, telles que les Indes orientales anglaises et Java ; les colonies de peuplement comme le Canada et l’Australie. (…) Dans la seconde catégorie de colonies, au contraire, le peuple colonisateur cherche surtout à implanter sa race, à créer une société analogue ou même identique à celle de la mère patrie ; il absorbe toute la vie économique du pays, il s’approprie les terres, et peu à peu il évince complètement les natifs qui d’ailleurs, dans ce genre d’établissement sont peu nombreux, clairsemés et n’ont qu’un embryon de civilisation. Le noir australien ou le huron sont rejetés de plus en plus dans le désert ; ils finissent par disparaître, soit qu’ils dépérissent et qu’ils meurent, soit que par des croisement ils se transforment » (De la colonisation chez les peuples modernes, 1874, p. 132)
« A vrai dire, l’Algérie ne peut se ramener à aucun de ces deux types si tranchés de la colonisation. Elle est une exception, elle doit être une colonie hybride et former une classe à part » (De la colonisation chez les peuples modernes, 1874, p. 312)
« En Australie, en Amérique, au Canada, il est permis à chaque habitant de bâtir où il lui plaît son loghouse et de défricher tel champ qui lui conviendra, pourvu que ce champ ne soit pas déjà occupé par un autre et sous la condition de payer une certaine somme minime quand il voudra consolider et régulariser son titre de propriété. C’est par ces trappers et pionniers que s’étend chaque année, dans les pays que nous venons de citer, la zone de la colonisation » (De la colonisation chez les peuples modernes, 1874, p. 319)
« Comment dans ce système l’ensemble des citoyens autres que les fermiers de l’Etat seraient-il copartageants du sol ? Chaque citoyen aurait la « jouissance idéale » de la terre ; l’absence d’impôts, la liberté complète de toutes les industries, de toutes les transactions, feraient jouir chacun de sa part idéale du domaine public » (De la colonisation chez les peuples modernes, 1874, p. 131)
« Tout concourt à prouver qu’une direction intelligente, un ensemble de préceptes puisés dans les règles de la science et dans les données de l’expérience, une tutelle habile, modérée, s’atténuant progressivement et cessant à propos, peut conduire avec succès les colonies à travers les obstacles qui entourent leur enfance, leur abréger la période initiale de lutte et d’inquiétude, et hâter leur progrès en population, en richesse et, d’une manière générale, en civilisation. » (De la colonisation chez les peuples modernes, 1874, p. 575)
Références bibliographiques